Avertissements
« L’aikido se conforme à la vérité de l’univers et révèle les principes internes de l’existence. Cependant comme je le dis souvent, chaque individu doit le comprendre d’une manière qui lui est personnelle » (E.S. p17) *
La manière dont j’appréhende l’aikido m’est donc STRICTEMENT PERSONNELLE.
On pourrait dire « à chacun son aikido » tant il y a, en fonction de la sensibilité de chacun, de perceptions possibles de cette discipline. Elles ne sont d’ailleurs pas incompatibles entre elles et peuvent s’interpénétrer.
En gros il y a 4 manières d’appréhender l’aikido :
- L’aikido comme pratique essentiellement voire exclusivement physique.
- L’ aikido comme art martial pouvant s’orienter jusqu’à art de self défense.
- L’aikido comme outil d’un développement personnel.
- L’aikido comme recherche philosophique ou spirituelle.
Cette appréhension de l’aikido n’est en rien définitive ; elle est tout à fait susceptible d’évoluer au fil du temps en fonction de la pratique, des rencontres, des lectures, etc.
* Toutes les citations de Me Ueshiba sont en italique et sont toutes tirées du livre « Aikido Enseignements Secrets » (référencées E.S. + n° de page) de John Stevens- Budo Editions dans sa traduction française. (idem pour les citations de M. Itsuo Tsuda, dont tous les livres sont édités au Courrier du Livre).
Ce livre, dont je lis depuis 10 ans maintenant chaque jour une à deux pages et 2 dokas et que je continue à lire de cette façon (quand je l’ai fini, je recommence), a contribué à mon appréhension de l’aikido.
Comme l’ont souligné tous ses élèves directs et comme le signale John Stevens dans son livre (E.S. p189) Me Ueshiba étant très difficile à suivre, je n’ai pas cherché à comprendre ce qu’il disait. C’est par imprégnation (comme une éponge) que peu à peu cette manière d’appréhender l’aikido s’est imposée.
L’autre influence importante pour mon aikido est celle de M. Itsuo Tsuda (il ne voulait pas être appelé « maitre ») que j’ai suivi pendant 10 ans jusqu’à sa mort en 1984.
M. Tsuda a découvert l’aikido car il a été l’interprète du premier ushi deshi français de Me Ueshiba que fut Me André Nocquet et pendant trois ans de 1955 à 1958, M. Tsuda n’a fait que regarder et traduire dans la mesure du possible ce que disait Me Ueshiba. Il a commencé l’aikido en 1959 après le départ de Me Nocquet. Il avait alors 45 ans et a suivi Me Ueshiba jusqu’à la mort de ce dernier en 1969.
Compte tenu de son bagage intellectuel, de ses recherches sur le ki, de ses expériences de vie, il a vécu en France de 1934 à 1940 où il a suivi les enseignements de Marcel Granet et de Marcel Maus, a pratiqué le théatre Noh pendant 10 ans, a été disciple de Me Noguchi (fondateur du Seitai), et de ses années auprès de Me Ueshiba, il a vu quelque chose de différent de ce qui intéressait les autres (jeunes) ushi deshi de Me Ueshiba à l’époque…
« Il est bon qu’il y ait eu un Me Ueshiba pour qui aucun adversaire, que se fut un sumo, un catcheur ou une multitude de gens, aucune arme tranchante ou non, ou à feu n’existait. Il n’existait pour lui que le ki, que la respiration qui englobe l’Univers. De là à dire qu’il suffit d’apprendre quelques techniques programmées pour atteindre son niveau, il y a une illusion catastrophique.
Quand je l’ai connu dans ses dernières années, il n’avait presque plus de techniques définissables. Il faisait n’importe quoi. Un doigt suffisait, un regard, un hochement de tête, un cri, tout était bon. C’était beau, sublime. Invisibles mais réels, il y avait autour de lui cyclones, tornades, vagues déchainées et je sentais pourtant le ciel libre et serein culminer au-dessus de tout. J’étais frappé par la grandeur de ce paysage intérieur qui se déployait devant mes yeux » (Itsuo Tsuda – La Voie du Dépouillement – p 157)
« L’aikido de Me Ueshiba était un aikido de conciliation, de communion avec l’Univers. Je sentais un dépouillement complet dans sa personnalité, son comportement, sa technique. Il était aussi insaisissable qu’un phénomène naturel. Il était inattaquable comme l’air et quiconque l’attaquait était emporté dans son tourbillon. (Itsuo Tsuda – La Science du Particulier – p 126)
… et un aikido qui avait beaucoup évolué par rapport à celui de la jeunesse et de la maturité du Fondateur.
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Mon appréhension de l’aikido
A ce jour, pour moi, l’aikido est une démarche spirituelle qui invite l’aspect corporel de notre être à la réaliser.
Pour cela je porte attention à 2 éléments en particulier : ce sont « corps paisible » et « pensons divin »
Corps paisible
Le corps étant le réceptacle du divin « Votre corps incarne le Grand Dessein de la création » (E.S. p 165) et le moyen de le réaliser, de le rendre tangible « comprendre le sens caché de ta ka a ma ha ra et rendre tangible le divin au travers de la réalité des techniques est l’objectif que poursuit l’aikido » (E.S. p 113), j’exécute les techniques dans le respect des limites physiques qui sont les miennes et celles des partenaires pour qu’elles nous soient confortables et que nous nous sentions en confiance. On ne cherche pas à performer, à aller au-delà de qu’il y a à faire. Il n’y a pas de compétences à acquérir, de recherche d’efficacité à tout prix.
Il n’est donc pas question tant pour mes partenaires que pour moi de se faire mal, de réussir à tout prix, à passer la technique ou de se forcer à la chute si on ne la ressent pas par nous-mêmes ou si on ne peut la faire pour une raison quelconque.
Quand nous sourions après avoir fait ou subit la technique, c’est que quelque chose a été partagé.
Pensons divin
J’écris divin plutôt que Dieu pour éviter d’anthropomorphiser le terme et parce que le divin me semble plus, en fonction de la sensibilité de la personne, un élément (notion, principe) interne et intime propre à chacun.
Si je m’interroge sur ce qu’est l’essence du divin, la réponse des religions et de toutes les spiritualités est que le divin est Amour. Le divin est un état, (je n’ai pas trouvé de meilleur terme à ce jour) d’Amour absolu, incommensurable, éternel, etc.
Maintenant visualisez un instant : VOUS ETES cet état d’Amour.
Allez-vous rester comme ça, sans rien faire, dans le néant absolu et cela éternellement ?
Ce me semble impossible. Du fait même que cet Amour absolu, incommensurable, etc. EST, il ne peut que « déborder » en VIE, il lui faut s’incarner sinon il ne sert à rien. L’Amour divin est la substance de toute création.
Voici un doka de Me Ueshiba en japonais et sa traduction française (E.S. – p 181)
SU no shiai………………………………………………….. L’amour sans partage
hibiki umareshi…………………………………………….. du créateur
Dai uchu……………………………………………………… est la résonance qui
on itonami zo………………………………………………. donne naissance et soutient
umare idetaru……………………………………………… l’univers
Et plusieurs de ses formulations
« Cette force de vie, cette vitalité incroyable qui supporte le cosmos, cette manifestation de l’amour sur terre, cette unification du manifeste, de l’occulte et du divin, cette mission ininterrompue qui permet à notre être d’être pénétré d’harmonie est appelée Aikido » (E.S. p 44)
« L’aikido nourrit la vie parce qu’elle est une manifestation de l’amour » (E.S. p 44)
« Répéter : l’aikido éclaire les principes internes de l’existence et révèle l’inspiration divine de la création » (E.S. p 113)
« Le bu est l’amour qui nourrit la vie » (E.S. p 145)
Esprit et matière
Tout au long du livre « Aikido Enseignements Secrets » Me Ueshiba souligne l’importance de revenir au spirituel, sans négliger pour autant la partie matérielle qui compose le vivant.
« Auparavant, l’entrainement en budo avait pour objectif la maitrise des formes physiques, mais aujourd’hui, il est plus important de pratiquer les formes spirituelles. Si l’amour ne participe pas de votre état d’esprit, vous ne pourrez jamais réaliser de grandes techniques « (E.S. p 125).
« Les techniques n’étaient plus maintenant de simples techniques mais étaient devenues les véhicules devant nous permettre de cultiver la vie, la connaissance, la vertu et le bon sens » (E.S. p 25)
« Le monde a fait de grandes avancées dans les domaines matériel et scientifique, mais les choses iraient beaucoup mieux si les hommes s’attachaient à cultiver plus avant le fruit de la spiritualité » (E.S. p 13)
« Lorsque nous nous servons de notre corps, nous devons user de sa dimension matérielle, mais nous ne devons jamais perdre de vue ce qui touche au spirituel » (E.S. p 19)
« Tous les dieux œuvrent ensemble à travers l’aiki. Je suis simplement l’un de ceux qui montre le chemin. Je n’enseigne rien. Je ne fais qu’écouter les dieux. Utilisez l’esprit pour activer la matière. Si vous vous laissez prendre par la forme, vous ne parviendrez jamais à voler tel l’éclair ni à projeter des étincelles » (E.S. p 126).
« Si vous êtes fermé à tout ce qui touche au spirituel, votre âme ne peut qu’en être affectée et vous ne pouvez agit librement » (E.S. p 144)
Ensemble
Très souvent Me Ueshiba indique la première personne du pluriel car c’est AVEC les autres, ENSEMBLE que le travail se réalise.
C’est comme un orchestre qui a une œuvre à jouer. Si les musiciens jouent chacun de leur côté ce n’est plus qu’un groupe qui fait du bruit ; il y a orchestre et l’œuvre peut exister parce qu’ils jouent ensemble en harmonie avec les autres bien que chacun ait sa partition à jouer et dans lequel le joueur de triangle est aussi important que le premier violon.
« N’hésitez pas à me rejoindre pour que nous nous entrainions ensemble : ainsi chaque mois, chaque année, les techniques seront de plus en plus épurées et nous pourrons progresser ensemble » (E.S. p27)
« Mon rôle ne consiste pas à agir avec vous comme le ferait un professeur ; mais c’est un honneur pour moi de travailler de concert avec vous tous. Si nous travaillons ensemble à l’unisson nous serons bientôt capables de protéger chacun d’entre nous et de préserver notre héritage » (E.S. p 46)
Ensemble ne signifie pas que tout le monde fasse la même chose en même temps. Le fait d’être en vie nous confère notre liberté d’être et notre singularité en ce monde. Du fait que nous sommes dans cet univers et y participons, nous n’avons que notre place mais toute notre place.
« Chacun d’entre nous, en ce monde, s’appuie sur des principes qui lui sont personnels et semble guidé par des esprits différents – n’hésitons pas à faire usage de chacun d’entre eux et de tous » (E.S. p 27)
Je n’agis pas seul : j’agis avec l’univers qui agit par mon intermédiaire et par celui des autres. Il y a réciprocité, échange : l’univers a besoin de moi pour exister et j’ai besoin de l’univers qui est la réalité tangible du divin.
« Votre corps est une création de l’univers.il abrite l’esprit : vous êtes miraculeusement lié à l’essence de l’univers – en fait vous ne faites qu’un avec l’univers et c’est le principe qui devrait guider votre vie » (E.S. p 105)
Notre mission
Pratiquer l’aikido consiste pour moi à essayer d’abord et surtout de me fondre avec l’univers pour participer à sa création et sa transformation incessante.
« L’aiki est le joyau qui résonne à travers l’univers, l’univers dans son ensemble, pas juste des morceaux, par ci par là » (E.S. p 28)
« Cet univers aux variations infinies fonctionne en se conformant au principe d’amour, mais toutes les structures et toutes les formes que nous voyons ne sont en fait que des aspects différents du Un. De la même manière, tous les aspects de la nature humaine, dans leur grande variété, ne sont que des manifestations universelles de l’amour » (E.S. p37 & 38)
Car puisque nous sommes enfants de cet Amour « Les êtres humains sont une part essentielle du Grand Dessein de la création » (E.S. p 146), la mission de chacun de nous est donc de faire aboutir ce projet, de faire « étinceler le divin »
ametsuchi wa ……………………………………………… Lorsque le ciel et la terre
Nare wa aiki to…………………………………………….. ne font plus qu’un à l’intérieur de vous
Hibike domo………………………………………………… l’aiki et sa résonance
Nanimo shirazu ni………………………………………… font naturellement de vous
Kami no temakura……………………………………….. un serviteur des dieux
(E.S. p 185)
« Nous sommes en fait l’univers et c’est notre devoir de manifester son Grand Dessein à travers nos existences » (E.S. p 72)
« Nous sommes tous partie prenante du Grand Dessein des dieux, participant de l’acte de création, et nous sommes tous responsables de ce grand projet auquel nous devons apporter notre contribution » (E.S. p 66)
« Nous sommes des étincelles du divin. Nous avons été faits à l’image de Dieu. Lorsque nous accomplissons cette mission, nous agissons comme le feraient les divinités. Nos volontés, nos actions, notre gloire, notre amour, notre force, notre bu et nos paroles participent tous à notre mission. » (E.S. p 74)
Finalité de l’aikido
Nous avons une mission car comme le dit à plusieurs reprises Me Ueshiba, ce débordement de vie n’est pas pour rien, il y a un projet :
« Le Gand Dessein universel est un débordement de l’esprit de création » (E.S. p 141)
« Nous devons établir le paradis sur terre » (E.S. p 22)
« Le monde est rempli de merveilles qui lui confèrent toute sa beauté, aussi devons-nous travailler ensemble à construire le paradis sur terre » (E.S. p 118)
« De la même manière, nous devrions chercher à appréhender le Grand Dessein de l’univers, à apprendre des dieux, pour établir un monde joyeux et beau. Lorsque cet objectif de l’aikido sera atteint, je serai le plus heureux des hommes » (E.S. p 13)
« Animer et entretenir la vie de l’univers qui se trouve à l’intérieur de chaque être vivant est un autre objectif de l’aikido » (E.S. p 51)
« Faites du monde un monde nouveau, de chaque jour un nouveau jour. C’est l’objet même de la création, un objectif inestimable auquel nous devons coopérer » (E.S. p 133)
La Respiration
Le moyen qui permet de rendre tangible le divin (puisque nous sommes esprit et corps) est, de ce que j’ai compris de M. Tsuda, la respiration.
« La respiration d’après mon expérience est le fondement même de l’aikido »
(I Tsuda – Cœur de ciel pur – p 195)
Chez M. Tsuda respiration est plus que l’acte physiologique d’inspirer et d’expirer.
« Par respiration, je ne parle pas d’une simple opération biochimique. La respiration, c’est à la fois vitalité, action, amour, communion, mouvement. La respiration c’est l’alternance de KA, inspiration et MI, expiration. KAMI c’est Dieu. Dieu c’est la respiration suprême ….
« C’est ainsi que j’ai compris l’enseignement de Me Ueshiba.….C’est une révélation que m’a donné Me Ueshiba de concevoir Dieu de cette façon, de pouvoir réaliser Dieu par la respiration » (I tsuda : le dialogue du silence p 71 et 72)
« Une inspiration n’est pas simplement un appel d’air, mais un acte dynamique qui aide à remplir tout votre être d’un souffle subtil. Une expiration permet d’exhaler l’énergie de la source divine (E.S. p 15)
« L’acte de respirer vous lie naturellement à l’univers » (E.S. p 85)
Le Dépouillement
En s’axant sur KA MI (la respiration), l’esprit est moins accaparé à l’exécution de la technique : le corps s’ajuste naturellement, la posture se redresse de manière adéquate, les pieds se déplacent là où il faut, le mouvement est plus spontané et s’adapte à la situation, etc. C’est le non-faire.
« Pour moi, qu’il s’agisse du mouvement régénérateur ou d’aikido, c’est le dépouillement qui compte. Tout ce qui est entrepris dans un autre état d’esprit ne me concerne pas » (I Tsuda-la voie du dépouillement p 183)
C’est pour moi la grande leçon de M. Tsuda
Et Me Ueshiba fait souvent référence au Misogi (purification)
Conclusion
En lisant le livre « Aikido Enseignements Secrets », ce que dit Me Ueshiba me donne le sentiment, LA SENSATION de pénétrer dans un monde où la martialité est dépassée (mais pas niée) pour quelque chose de beaucoup plus vaste : participer à l’univers, à sa transformation incessante pour répondre au projet qui justifie sa création et son existence.
« La victoire en aikido est d’accomplir la tâche qui nous a été assignée par l’univers » (E.S. p 110)
Je pense l’aikido comme à ce qui a été révélé à Me Ueshiba en 1925 après son combat contre un kendoka :
« J’ai fini par comprendre que « ai » (合 harmonie) est en fait « ai » (愛 amour) ; l’aikido, « la Voie de l’harmonie » est en réalité l’aikido « la Voie de l’amour » …. Je le vois comme une fonction de l’amour » (E.S. p 42)
« L’authentique budo est la manifestation de l’amour…l’aikido est la matérialisation de l’amour » (E.S. p 37)
L’art de l’aikido consiste à réitérer dans l’ordre de l’action personnelle la Création Universelle
« Nous sommes tous partie prenante du Grand Dessein des dieux, participant de l’acte de création, et nous sommes tous responsables de ce grand projet auquel nous devons apporter notre contribution » (E.S p 66)
« Soyons assez dignes pour reconnaitre et accueillir l’esprit de la vie » (E.S. p 94)
Ce qui m’intéresse dans l’aikido, c’est qu’il n’y a pas de fin.
« L’univers se déploie en permanence, donnant naissance à de nouvelles vies, évoluant sous de nouvelles formes, et stimulant un développement total ; tout ceci s’accomplissant par le pouvoir de l’amour » (E.S. p 119 – 120)
« Je sais que je dois poursuivre ma mission et même si je meurs et qu’il advienne que je renaisse, je continuerai à travailler, tout le temps et partout, pour permettre à la fleur de l’aikido de s’épanouir à travers le monde » (E.S. p 27)
« Bien que je semble me comporter comme un prophète, je suis parfaitement conscient que je dois encore gagner en maturité et je m’efforce de continuer à progresser pas à pas dans ma compréhension de ces mystères » (E.S. p 121)
« l’aikido ne connait pas de limite. J’ai aujourd’hui soixante-seize ans, pour autant je continue à m’entrainer. Notre dojo est à la fois le ciel et la terre. La manière de pratiquer n’a pas de frontière, n’a pas de fin. L’entrainement est la pratique d’une vie. Il ne saurait y avoir de limite (E.S. p 171)
« La seule chose qui me préoccupe, c’est de savoir jusqu’où je pourrai développer ma respiration. Mon expérience m’apprend que là il n’y a pas de limite. Tout se passe comme l’incubation d’un œuf. Lorsque l’embryon devient poussin, il casse la coquille et sort. Un monde nouveau s’ouvre avec l’éveil des sensations nouvelles. Cette révélation ne s’est pas faite pour moi en une seule et unique fois. Je ne me rappelle pas combien de coquilles j’ai déjà brisées. Je ne sais combien de coquilles restent encore à briser ; combien de mondes nouveaux à découvrir » (I Tsuda – le dialogue du silence p 72)
C’est donc tout ce à quoi je porte mon attention quand je pratique et que je présente sous la forme « pensons divin »
Bien sûr, cette concentration ne se maintient pas de façon linéaire tout au long d’une séance, mais évolue d’une manière aléatoire voire brisée.
Je suis conscient qu’un écrit, tant pour le lecteur que pour le rédacteur, s’il peut aider à éclairer les choses, ouvrir des horizons, présente aussi un grand danger de fixation et même de fermeture. C’est pourquoi je préfère rappeler que ma compréhension de l’aikido n’est en rien définitive. Je m’aperçois que plus j’avance sur la voie de l’aikido, plus il y a encore bien du chemin à parcourir. C’est pourquoi je continue, même si je ne suis pas près d’en voir la fin.
L’aikido est une discipline vivante.
AH ! et dans l’ensemble, c’est plutôt joyeux !
Ecrit en janvier 2025 à l’âge de 73 ans
Xavier Binot