Esprit indépendant et libre penseur Itsuo Tsuda étudie à la Sorbonne de1934 à1940. De retour au Japon, il s’intéresse aux aspects culturels de son pays et étudie le Nô avec maître Hosada, le Seïtaï avec maître Noguchi et l’Aïkido avec maître Ueshiba .
Il revient en France en 1970 où il s’installe définitivement pour propager ses idées sur le « Ki » à travers deux pratiques, le Mouvement Régénérateur et la Pratique Respiratoire de Maître Ueshiba.
En puisant aux sources de la culture japonaise et grâce à sa grande connaissance de la société occidentale, il porte un regard original et passionnant sur l’exploration de notre nature profonde.
Itsuo Tsuda naît à Pusan en Corée en 1914 dans une famille japonaise aisée. Il a un an quand sa sœur aînée, de deux ans plus âgée, meurt suite à une intervention médicale. Sa mère est profondément affectée par ce décès et tombe malade. Elle-même mourra à l’âge de 38 ans quelques années plus tard alors qu’il a 14 ans.
A 16 ans il se révolte contre la volonté de son père qui le destinait suivant le droit d’aînesse à hériter de sa fortune. Il part voyager en Chine puis se réconcilie avec son père. Son esprit d’indépendance et ses recherches le conduisent en France à l’âge de 20 ans. A la Sorbonne, il suit les cours de Marcel Granet (sinologue), et de Marcel Mauss (sociologue et anthropologue), qu’il considérait comme ses deux maîtres européens. Il restera leur élève jusqu’en 1940, date de son retour au Japon.
Dans les années 60 il s’intéresse aux aspects culturels du Japon, étudie la récitation du Nô avec Maître Kanze Kasetsu, le Seïtaï avec Maître Noguchi, et l’Aïkido avec Maître Ueshiba qu’il rencontre car il est l’interprète du premier français à venir au Japon : maître André Nocquet.
En 1968, il obtient de Me Noguchi l’encouragement pour propager le mouvement régénérateur en dehors du cadre de l’association Seïtaï Kyokaï qui en avait gardé l’exclusivité.
En 1969, après le décès de son père et de maître Ueshiba, il vient s’installer définitivement en France. Il rencontre Maître Deshimaru puis ouvre un dojo à St Maurice, près du bois de Vincennes. Ce dojo déménagera rue d’Avron, dans le XI° arrondissement, avant de trouver la place qu’il occupe encore aujourd’hui, rue des Petites Ecuries. Il animera régulièrement des stages dans différents pays d’Europe où des dojos se créent peu à peu (Genève, Bruxelles, Milan, Madrid, Ibiza, Palma). Son enseignement comporte deux branches : l’aïkido ou « pratique respiratoire de Maître Ueshiba », et le mouvement régénérateur ou katsugen undo.
Il a écrit neuf ouvrages édités au Courrier du Livre à Paris, dans lesquels il apporte un éclairage original sur les enseignements qu’il a reçus et s’est efforcé de propager en Europe.
Itsuo Tsuda est décédé le 10 mars 1984 à Paris.
Extraits de ses ouvrages :
« Il y eut un revirement total chez Noguchi à partir du moment où il a admis que la maladie n’est pas une chose à guérir, mais dont il faut profiter pour activer l’organisme ; et que le yuki n’est pas un apanage exclusif d’une minorité mais que tout le monde peut le faire.
C’est cette attitude que j’ai adoptée et que j’essaye de faire comprendre aux gens. » (t. 6, p. 101)
« Lorsque j’ai commencé l’aikido en 1959, j’ai eu la chance de trouver un dojo tout près du bureau où je travaillais. Je pouvais m’entraîner à l’heure du déjeuner ou le soir après le travail. Mais quelque temps après, ce dojo a été fermé à cause de la voie ferrée pour le nouveau train. Il fallait aller au centre Aiki-kai si je voulais continuer. Il n’était plus question de profiter de l’heure du déjeuner, et même pour les séances du soir, j’arrivais trop tard. Il ne me restait plus qu’à choisir les séances du matin à six heures et demie.
N’étant pas très matinal à cette époque, je me demandais si je pourrais y arriver. Je suis allé à l’Aiki-kai et là, ai rencontré un homme qui habitait plus loin que moi. Il dit qu’il se levait à quatre heures du matin pour venir. Je me suis dit : « Si quelqu’un d’autre le fait, il n’y a aucune raison que ne puisse pas en faire autant. Je suis déjà ici, demain matin. »
Cette visualisation a bien réussi, car je n’ai pas eu de difficulté à exécuter ce que j’avais suscité auparavant dans mon imagination.
[…] Cette expérience m’a permis de me libérer du complexe concernant l’heure du réveil. Maintenant cela m’est égal de me réveiller à n’importe quelle heure, même si cela paraît invraisemblable aux autres.
Ce qu’il importe de noter c’est que l’imagination suscitée uniquement sur le plan conscient, ne produit aucun effet réel sur le comportement de l’individu […] ce qui fait vraiment agir un individu, c’est sa conviction profonde qui a pénétré le niveau de son subconscient. » (t. 2, p. 91)
Une des tonalités essentielles de l’enseignement de Tsuda portait sur la continuité :
« Continuer quelque chose bon an mal an, par la pluie et le beau temps, sans être perturbé par des idées stériles, bouleversé par l’émotivité, égaré par la cupidité, marcher en avant d’un pas assuré et silencieux, afin de donner le maximum de la vie qu’on a reçue, voilà ce que fera l’homme indépendant et libre. » (t. 2, p. 101)